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Méditerranée : La mer la plus polluée du monde

Sillonnée par 30 % des navires marchands de la planète, bordée par 150 millions d’habitants, la Méditerranée est malade. El País croise deux rapports récents pour parvenir à ce constat accablant.

Ceux qui se baignent ces jours-ci sur une plage méditerranéenne ont de fortes chances de trouver des ordures dans l’eau. Plus précisément, ils risquent de voir 33 unités de résidus par mètre carré d’eau. C’est la moyenne de saleté des côtes espagnoles, selon un rapport sur l’état des mers du monde publié par Greenpeace. Sans parler d’une autre pollution, invisible celle-là : jusqu’à 10 grammes d’hydrocarbures par litre, d’après une étude de l’organisation Oceana.

Déversements illicites, négligences humaines, causes naturelles, transport de marchandises : presque tout ce qui vit dans le Mare nostrum court le risque d’être pollué, voire de disparaître. Le dernier rapport de Greenpeace parle surtout des dommages occasionnés par les plastiques. Il recense diverses études publiées ces quinze dernières années. Elles sont hétérogènes, et il n’est pas facile d’en tirer des conclusions. Mais une chose est sûre, la Méditerranée est la mer la plus polluée du monde.

Les plastiques sont “les ordures les plus répandues et sont responsables de la plupart des problèmes dont souffrent les animaux marins, en particulier les oiseaux”, affirme le document. Ils représentent 75 % des résidus présents sur les plages. Il n’est pas rare d’en trouver quand on nage, à en croire les données présentées par Greenpeace, qui compte quelques 33,2 résidus flottants par mètre carré d’eau de mer. Cela va des déchets minuscules aux bouteilles en passant par les sacs plastiques. En haute mer, le plastique se fait plus rare, mais il peut tout de même atteindre 35 unités par kilomètre carré. Les zones les plus polluées sont les eaux territoriales de l’Espagne, de l’Italie et de la France.

Quant aux résidus liquides, ils s’avèrent tout aussi préoccupants que les résidus solides. “Les rejets routiniers sont bien plus dangereux que les grandes catastrophes”, assure Ricardo Aguilar, directeur des projets de recherche d’Oceana. Chaque année, 400 000 tonnes d’hydrocarbures sont déversées de façon illicite dans la Méditerranée, selon des études menées par cette organisation.

Les zones les plus polluées correspondent aux grands ports, tels Algésiras, en Andalousie, et Barcelone. Aux endroits les plus critiques, on peut trouver jusqu’à 10 grammes de ces substances par litre d’eau. Ce qui, selon Aguilar, entraîne la disparition d’espèces sensibles. Les espèces les plus résistantes absorbent les polluants, qui entrent ainsi dans la chaîne alimentaire et vont ainsi avoir des répercussions sur la santé humaine. “Déjà, dans certaines zones des Etats-Unis, la consommation de quelques espèces est déconseillée aux femmes enceintes et aux enfants.”

Ce type de pollution s’explique par plusieurs facteurs. La Méditerranée est sillonnée par 30 % des navires marchands de la planète et par 20 % des pétroliers, soit 12 000 bateaux par an. Il s’agit là d’une source importante de pollution, mais l’UE assure que l’essentiel (80 %) provient de diverses activités sur la terre ferme. Les sources de pollution les plus directes sont les fleuves et les systèmes qui drainent les eaux usées des zones urbaines pour les déverser en mer. En outre, le pourtour méditerranéen compte environ 150 millions d’habitants et voit affluer chaque année près de 200 millions de visiteurs.

D’après Joan-Domènec Ros, professeur d’écologie à l’université de Barcelone, “personne ne veut savoir que les poissons ou les fruits de mer que nous mangeons contiennent des polluants, que tout ce que nous utilisons sur la terre ferme finit dans la mer, et que la solution ne se trouve pas à la fin du processus, [c’est-à-dire en mer] mais au début”.

(Source : http://www.courrierinternational.com)

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